Les SSGN Américains testent leurs missiles

  • Dernière mise à jour le 1er juin 2007.

Les SSGN sont d’anciens SNLE de la classe Ohio profondément modifiés, retirés de leurs anciennes fonctions àla suite de traités de limitation des armes nucléaires. Les sous-marins àpropulsion nucléaire ont été privés de leurs missiles ballistiques Trident, et vont désormais transporter jusqu’à154 missiles de croisière "Tomahawk" avec des têtes classiques, pouvant atteindre avec précision une cible située àdes centaines de kilomètres àl’intérieur des terres.

Un SSGN lançant ses missiles

En plus de cet énorme arsenal de bombardement, les SSGN ont des installations pour accueillir jusqu’à 66 hommes-grenouille des forces spéciales, ou jusqu’à 102 pour de courtes périodes. Il devrait normalement y avoir aussi un "hangar sec" ; c’est un module pouvant recevoir un mini-sous-marin qui peut transporter les hommes-grenouilles (des Navy SEAL) vers le lieu de leur mission. Dans le futur, de tels véhicules pourraient aussi déployer des drones sous-marins comme le Talisman.

Selon le commandant des forces sous-marines Américaines, un SSGN tapi au large d’une côte hostile "pourra contrôler les opérations des forces spéciales pendant des mois depuis sa position camouflée". Même des pays avec des marines et des forces aériennes assez capables seront pratiquement incapables de détecter l’élite de la force sous-marine Américaine opérant depuis le SSGN - au moins jusqu’à ce qu’ils commencent à tout détruire avec les Tomahawks.

Il n’y a pas beaucoup de doutes quant à savoir de quelles côtes hostiles il est question. L’US Navy a commencé récemment les préparatifs pour baser des SSGN dans sa base de Diego Garcia, les îles Britanniques de l’océan Indien. Cela placerait les SSGN très proches de la Corne de l’Afrique, du Golfe Persique et bien sûr de la côte sud de l’Iran.

Le programme de conversion des SSGN a passé récemment une étape importante, lorsque l’USS Florida a effectué les "premiers lancements de Tomahawk pour la nouvelle classe de SSGN" depuis un champ de tir du golfe du Mexique, selon un communiqué de la Navy publié la semaine dernière.

Véhicule destiné aux plongeurs

Alors même que le champagne coulait à flot dans les bureaux du programme SSGN, il y avait de mauvaises nouvelles dans un autre secteur concernant le prgramme ASDS [1].

L’ancienne méthode pour envoyer à terre des hommes-grenouille depuis des sous-marins implique de les envoyer depuis le sas du sous-marin dans des SDV [2]. Ces mini-sous-marins ne protègent pas les passagers de l’eau environnante, ce qui limite l’endurance des combattants sous-marins. L’ASDS était supposé corriger ce défaut, puisqu’il s’agit d’un sous-marin étanche avec une cabine sèche et un sas qui voyagerait vers ses missions accroché sur le pont du SSGN.

Mais le programme ASDS a été une véritable pagaille, selon un rapport du Government Accountability Office [3]. Curieusement, le communiqué triomphant sur le test des missiles a été publié le même jour que le rapport du GAO ; évidemment, seul un cynique verrait une quelconque trace de gestion de l’information ici (même si les essais de missiles s’étaient en réalité déroulés 7 jours auparavant).

De toute manière, les contrôleurs du GAO indiquent que le programme ASDS a duré 13 ans, coûté 885 millions de $ et, à ce jour, livré seulement un mini-sous-marin qui a "des problèmes importants de fiabilité et de performances". Pour mettre ceci en perspective, un seul ASDS a coûté autant que 3 chasseurs furtifs F-22 Raptor - et il ne fonctionne même pas correctement. Le moindre de ses défauts n’est pas que les gouvernes et l’hélice du mini-sous-marin ont tendance à se déchirer sous l’effet du sillage lorsqu’il est accroché à un sous-marin allant vite : désormais, un SSGN ayant l’ASDS sur le pont doit limiter sa vitesse.

Le plan est maintenant de décider de l’avenir de l’ASDS en 2008. Cependant, même sans le luxueux mini-sous-marin, la nouvelle flotille de SSGN pourra bientôt provoquer beaucoup de’inquiétude sur les côtes de la mer d’Arabie.

Notes :

[1Advanced SEAL Delivery System.

[2SEAL Delivery Vehicles.

[3L’équivalent de notre Cour des Comptes.

Source : The Register (Grande-Bretagne)