Pourquoi l’U.S. Navy loue-t-elle un sous-marin suédois ?

  • Dernière mise à jour le 1er juillet 2005.

Cela fait plus de 10 ans que l’U.S. Navy n’avait pas eu besoin de se préparer àla guerre sous-marine face àdes opposants compétents. Depuis la chutte de l’empire soviétique il y a 15 ans, la principale menace sous-marine est passée aux sous-marins diesel que possèdent des états voyous comme l’Iran et la Corée du Nord. Ces bâtiments avaient un rayon d’action limité et étaient relativement facile àdétecter en raison de leur besoin de revenir en surface régulièrement pour renouveller l’air du bord et recharger les batteries grâce àleurs diesels. L’apparition de la propulsion AIP (Air Independent Propulsion : propulsion sans air) a changé les données de l’équation. L’AIP permet àces sous-marins d’utiliser leur diesel en plongée en utilisant l’oxygène du bord dans un cycle fermé. Une autre forme d’AIP permet au sous-marin d’utiliser ses moteurs électriques avec une énergie produite par des piles àcombustible. Le 28 octobre 2004, le gouvernement suédois a accepté une proposition de l’U.S. Navy de louer un sous-marin équipé de l’AIP et son équipage de 25 marins pour de l’entraînement àla lutte anti-sous-marine, qui devrait commencer dans la première partie de cette année.

Sous-marin de classe Gotland
Un sous-marin suédois de classe Gotland, équipé de l’AIP, similaire àcelui loué par l’U.S. Navy pour s’entraîner intensivement àla lutte anti-sous-marine.

Le sous-marin de classe Gotland, équipé de l’AIP, un des 5 en service dans la marine suédoise, sera basé à la base navale de Point Loma à San Diego, et sera utilisé pour des exercices d’entraînement à la fois dans le Pacifique et l’Atlantique. Des responsables espèrent que l’information récoltée lors des opérations d’entraînement permettra d’améliorer la technologie américaine des sonars et de conduire à la constitution d’une expérience opérationnelle de lutte contre les sous-marins équipés de l’AIP. Le contre-amiral Donald Bullard, Directeur du commandement de la préparation et de l’entraînement des forces de la flotte [1], a déclaré : “Cela va grandement améliorer notre capacité à mener un entraînement réaliste et efficace à la lutte anti-sous-marine [et plus encore]... nos efforts dans le développement de tactiques, de techniques et de procédures ASM [2].”

L’U.S. Navy s’inquiète que des états “voyous” et des organisations terroristes puissent acquérir cette capacité parce qu’il est beaucoup moins couteux de construire et d’utiliser des sous-marins diesel-électrique avec le système AIP que des sous-marins nucléaires. Les pays qui disposent de sous-marins équippés de l’AIP sont la Suède, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, le Pakistan et la Russie. La marine espagnole a financé des recherches sur les systèmes AIP pour ses nouveaux sous-marins S-80, dont 4 devraient être livrés entre 2005 et 2014. Ils devraient couter environ 650 millions de $ chacun.

Durant la dernière décennie, l’U.S. Navy a connu une baisse marquée dans les missions d’entraînement ASM, y compris dans les eaux cotières. C’est dans ces eaux “littorales” que la menace est la plus forte. Le détroit d’Ormuz, utilisé par de nombreux supertankers, des milliers de petits navires, des eaux peu profondes, des récifs et des épaves, est un point névralgique qu’une marine hostile pourrait facilement bloquer, interrompant les approvisionnements de pétrole. Le bruit produit par ces centaines de bateaux et la faible profondeur diminuent sensiblement l’efficacité des systèmes de sonar les plus avancés.

Sous-marin de classe Collins
Les sous-marins australiens de classe Collins, àpropulsion diesel ont battu par 2 fois les sous-marins américains de classe Los Angeles dans des exercices d’entraînement.

Le Vice-Amiral Bernard “Bud” Kauderer, un membre du bureau des conseillers de JINSA, a déclaré : “le déclin dans l’ASM a coïncidé avec la fin de la guerre froide. La plus grande menace contre les Etats-Unis dans la guerre sous-marine était l’URSS, qui a possédé jusqu’à 300 sous-marins, diesel comme nucléaire. Il n’y avait aucune autre force consituant une menace significative pour notre marine. Il y avait d’autres forces, mais elles étaient très petites. Le déclin de l’URSS a entraîné le déclin de notre attention sur l’ASM. A la place, nos forces navales se sont de plus en plus impliquées dans la guerre de frappe. L’ASM est un art qui doit être pratiqué.” Par exemple, en 2002 pendant l’exercice biannuel RIMPAC, qui comprend les marines des USA, de Corée du Sud, du Canada, du Japon, du Chili, du Perou et d’Australie, un sous-marin australien de classe Collins a réussi à "détruire" à de nombreuses reprises 2 sous-marins nucléaires d’attaque Los Angeles.

Avec l’ancienne flotte sous-marine soviétique rouillant au mouillage, l’ASM n’a pas consitué une inquiétude jusqu’à très récemment, lorsque les sous-marins AIP sont devenus plus efficaces opérationnellement et relativement faciles à constuire. Seul du personnel suédois armera le sous-marin suédois, mais de nombreux chercheurs de l’U.S. Navy pourront embarquer pour étudier les différentes fonctions du sous-marin. Kauderer a déclaré que les opérations du sous-marin suédois vont probablement commencer par des exercices de base dans lesquels la mission des bâtiments américains sera de localiser le sous-marin, puis les thèmes deviendront plus complexes, au point que le sous-marin suédois sera utilisé contre un groupe de combat complet, constitué d’un porte-avions, de frégates, de croiseurs et d’un sous-marin nucléaire d’attaque.

USS Virginia
L’USS Virgina (SSN-774), pendant ses essais àla mer, est le premier d’une nouvelle série de sous-marins U.S. ayant de meilleures capacités dans la guerre ASM.

L’Amiral Vern Clark, Chief of Naval Operations [3], a fortement souligné le besoin d’une amélioration dans l’entraînement ASM. Il a supervisé la mise en place de 3 programmes d’amélioration de l’entraînement des marins : le Fleet ASW Command, basé à San Diego ; le Task Force ASW, basé à Washington, D.C., qui étudiera l’ASM et proposera un plan d’amélioration de l’entraînement des équipages ; et le Program Executive Office for Integrated Warfare Systems du Naval Sea Systems Command, qui est chargé de la recherche, du dévellopement et de l’acquisition des nouvelles technologies nécessaires à l’ASM. Chacun de ces 3 programmes est chargé d’étudier les exercices actuels, leurs forces et leurs faiblesses, et de recommander différentes options pour les améliorer. Les nouvelles techniques opérationnelles et de nouvelles technologies, dont certaines n’ont jamais été testées auparavant, devaient être utilisées durant des exercices baptisés “Undersea Dominance ’04”. Ces exercices ont impliqué différents types de navires. L’Amiral Clark, cité par la Navy League of the United States dans le numéro d’octobre 2004 de “Sea Power” voudrait “fondamentallement changer les opérations ASM, ne plus utiliser des plateformes individuelles - navire de surface, sous-marin ou avion - pour utiliser un système ayant “une préparation dissuasive, l’obstination et la vitesse, chacun amélioré et soutenu par l’agilité technologique”.”

La plus récente classe de sous-marins nucléaires d’attaque, les Virginia, est équipér de capacités de discrétion améliorées et des systèmes ASM et de contrôle de combat les plus avancés. Une autre caractéristique des nouveaux sous-marins est une signature magnétique réduite pour leur permettre d’opérer plus près des champs de mines situés dans les eaux cotières. Le premier navire de la classe a été admis au service actif le 23 octobre 2004 et au moins huit autres devraient être construits.

Par Andrew Dualan.

Notes :

[1Readiness and Training for Fleet Forces Command

[2Anti-Sous-Marine

[3Chef d’état-major de l’US Navy

Source : The Jewish Institute for National Security Affairs (JINSA), Washington DC (USA)