La Russie détourne des clauses du traité de Montreux pour changer l’équilibre des forces sous-marines en Méditerranée

  • Dernière mise à jour le 12 juillet 2020.

La flotte de la mer Noire de la marine russe déploie ses sous-marins en Méditerranée. La convention de Montreux, signé en 1936, interdit le passage de sous-marins par le Bosphore, qui relie la mer Noire et la Méditerranée. La convention prévoit des exceptions réservées aux nations riveraines de la mer Noire : livraison de nouveaux sous-marins et sorties pour réparation. La Russie utilise désormais régulièrement ces exceptions pour établir une présence permanente de ses sous-marins en Méditerranée. Ce qui modifie l’équilibre des forces.

Les dirigeants de l’OTAN s’inquiètent sérieusement de la présence de ces sous-marins russes. Le 25 juin dernier, lors d’une conférence, l’amiral James Foggo, commandant des forces navales américaines en Europe et en Afrique, a décrit la Méditerranée orientale comme « l’une des zones les plus mouvantes au monde. » Il a précisé que « les Russes déploient des sous-marins discrets, modernes, à propulsion classique, pouvant lancer le missile de croisière Kalibr. » C’est à dire les sous-marins Kilo venant de mer Noire.

« Un sous-marin de la classe Kilo peut aller n’importe où dans les eaux européennes et frapper toutes les capitales européennes et d’Afrique du Nord en plongée. Vous ne les voyez pas venir, » a expliqué l’amiral Foggo. Il s’exprimait seulement 2 jours après le passage dans le Bosphore d’un sous-marin russe, le Rostov-on-Don.

La Russie a ensuite expliqué le Rostov-on-Don allait subir des réparations, ce qui rend son passage légal pour la convention de Montreux. Les dirigeants de l’OTAN sont persuadés que, avant les réparations, le sous-marin va effectuer une patrouille en Méditerranée, comme se fut le cas pour d’autres avant lui.

Pendant la Guerre Froide, les sous-marins nucléaires soviétiques patrouillant en Méditerranée étaient basés dans l’Arctique et en mer Baltique, parce que la convention de Montreux lui interdisait d’utiliser les sous-marins basés en mer Noire.

Tout a changé en 2015, peu après l’intervention russe dans le conflit syrien. Le Rostov-on-Don a brièvement interrompu son transit de livraison pour lancer des missiles Kalibr sur des cibles en Syrie avant de passer le Bosphore. En 2017, un autre sous-marin, le Krasnodar, a fait la même chose. Cette fois, l’arrêt pendant son transit de livraison a été plus long, environ 2 mois.

Puis 2 autres sous-marins, le Velikiy Novgorod et le Kolpino, ont effectué leur première patrouille avant livraison. Leur séjour en Méditerranée a été plus long, plus d’un an. Lorsqu’ils ont finalement passé le Bosphore, c’était « pour la 1ère fois après leur construction ou leur achat. »

Désormais les 6 sous-marins “Improved Kilo” destinés à la Flotte de la mer Noire ont été livrés, la Russie ne peut donc plus utiliser cette classe. Les 2 sous-marins qui ont remplacé le Velikiy Novgorod et le Kolpino en Méditerranée, ont donc passé le Bosphore officiellement pour des maintenances.

Pour certains dirigeants américains, si les sous-marins menaient des opérations militaires, cela pourrait être considéré comme une violation de la Convention de Montreux. « Cela pourrait conduire à une série de confrontations politiques et diplomatiques. »

Source : Naval News (Etats-Unis)