Le futur “super-sous-marin” espagnol prend l’eau

  • Dernière mise à jour le 18 avril 2014.

Le ministère espagnol de la défense a confirmé les pires craintes concernant le futur sous-marin S-80, supposé devenir l’un des plus modernes parmi les sous-marins à propulsion non-nucléaire.

En réponse à une question posée au Parlement, le ministre espagnol de la défense, Pedro Morenés, a reconnu la semaine dernière que le plus important projet dans l’histoire de l’industrie espagnole de défense, présenterait un dépassement de budget d’au moins 700 millions €, sur les 2,135 milliards € prévus au départ.

Et ce n’est pas tout. Il a aussi reconnu que, à ce stade, on ne pouvait prévoir une date pour la livraison à la marine espagnole pour le premier exemplaire des 4 commandés à Navantia. Malgré tout cela, le ministère considère que « continuer à soutenir le développement de ce programme, sera avantageux pour tous ».

Tout découle d’un unique problème : le sous-marin est trop gros. Il est dû à une erreur dans la conception initiale qui fait que, aujourd’hui, le sous-marin pèse 75 tonnes de plus que ce qu’il devrait, ce qui l’empêche de remonter à la surface. La seule solution possible, avancée par les ingénieurs américains, est d’allonger le sous-marin de 6 mètres pour compenser le sur-poids, ce qui suppose que le ministère espagnol de la défense débourser ces 700 millions € au moment où les forces armées espagnoles rencontrent d’énormes difficultés économiques à cause des réductions budgétaires.

Le ministère de la défense maintient le cap et que « les problèmes découverts dans le développement du programme sont habituels dans des projets de ce type, comme cela s’est produit dans d’autres pays. »

Ici, la solution pour le moment, passe par deux possibilités : soit le ministère apporte de l’argent supplémentaires, soit il réduit le nombre de sous-marins construits. mais dans tous les cas, le sur-cout est inévitable.

La marine espagnole attend

La construction du premier des 4 sous-marins S-80 a commencé en 2005 et, selon les prévisions, il devrait être livré à la marine en 2015. Les autres devraient entrer en service en 2016, 2018 et 2019.

Actuellement, néanmoins, le ministère prévient qu’il « est prématuré d’avancer un calendrier précis, bien que l’objectif soit de terminer la construction aussi vite que possible. » Cette incertitude constitue un sérieux contre-temps pour la marine qui, actuellement, ne dispose plus que de 3 sous-marins opérationnels dans la classe obsolète des Agosta — le Galerna, le Mistral et le Tramontana — des sous-marins ayant déjà 30 ans de service.

En plus d’apporter à la marine un sous-marin moderne, Navantia a aussi pour objectif de vendre le S-80 à l’étranger, ce qui apporterait d’importants bénéfices. Pour le ministère, « le développement du programme apporte à l’industrie navale des capacités technologiques de pointe qui lui permettent de concourir sur le marché international avec leur propre modèle. »

L’idée affichée de l’entreprise publique espagnole est de transformer son siège de Cathagène en un chantier naval de référence pour la conception et la construction de ce type de sous-marins. Le S-80 a déjà été proposé aux marine d’autres pays, comme l’Australie, la Norvège et l’Inde.

Néanmoins, la possibilité de commercialisation est fortement compromise par les difficultés du programme, dans un secteur très concurrentiel au niveau mondial.

Source : La Rioja (Espagne)