Un robot pour intervenir sur des sous-marins en détresse

  • Dernière mise à jour le 27 novembre 2008.

Pour éviter un désastre du style du Koursk, la Marine Australienne a décidé d’acquérir un robot sous-marin pour sauver les marins bloqués au fond de l’océan.

Cette décision fait suite à un rapport désastreux publié l’an dernier, révélé par The Australian, qui avait découvert que la stratégie de secours aux sous-marins de la Marine Australienne se trouvait dans la plus totale confusion, le matériel obsolète et détérioré et le manque d’entraînement faisant peser des risques "intolérables" sur les sous-mariniers bloqués au fond de l’océan.

Elle intervient plus de 3 ans après que la marine ait failli perdre (à 20 secondes près) un sous-marin de la classe Collins, le HMAS Dechaineux, et ses 55 membres d’équipage lors d’une voie d’eau catastrophique dans l’Océan Indien (voir Un sous-marin australien à20 secondes de la destruction).

Le nouveau robot va réduire les chances d’un désastre similaire à celui du sous-marin russe maudit, le Kursk, dont l’équipage est mort, bloqué dans son sous-marin au fond de l’océan avant qu’une équipe de secours ne puisse les atteindre en août 2000.

Sur les 118 marins Russes morts dans cette tragédie, ceux qui n’ont pas été tués lors de l’explosion initiale, ont suffoqué lorsque l’oxygène a été épuisé.

Avec ce projet de la marine, le service entend acquérir un ROV [1] qui peut être déployé rapidement en urgence pour atteindre un sous-marin endommagé.

Le rôle du ROV est de garder les sous-mariniers en vie jusqu’à ce qu’un véhicule de sauvetage beaucoup plus gros, le Remora, puisse être déployé sur place.

Le Remora, d’un poids de 16,5 tonnes, se fixe sur le sous-marin en détresse et permet à 6 survivants d’être ramené à la surface.

Mais il peut falloir plusieurs jours pour charger le Remora sur un navire et le transporter sur le lieu de l’accident - un délai qui pourrait être critique pour la survie de l’équipage.

Par conséquent, la marine veut un équipement plus petit qui pourra être déployé plus rapidement.

"La mission du ROV est de délivrer du matériel de survie supplémentaire, de dégager les débris et d’établir des communications avec un sous-marin en détresse" avant l’arrivée du Remora, a indiqué un porte-parole de la défense.

"Bien que les sous-marins emportent des provisions d’urgence, la capacité de livrer du matériel de survie supplémentaire avant l’arrivée du Remora permet de tenir compte d’événements imprévisibles, comme le mauvais temps, qui pourraient retarder le début des opérations de secours."

Les 6 sous-marins Collins australiens emportent 5 jours de réserve d’urgence en plus de leurs provisions normales.

La décision de la Marine Australienne d’acquérir un ROV fait partie des efforts destinés à améliorer le fonctionnement de sa très critiquée unité de sauvetage, qui a été l’objet de dérision parmi les sous-mariniers depuis des années. Un rapport, commandé l’an dernier par la marine, a démontré que le système de sauvetage des sous-marins faisait courir un "nombre significatif de risques élevés" (voir Un rapport interne prouve que la marine australienne connaissait les problèmes de ses sous-marins).

Ces "risques intolérables ou inacceptables" comprenaient "la défaillance d’équipements critiques lors de tests et d’opérations, la compétence du personnel de l’unité et la mise en place des procédures d’urgence".

Un porte-parole du ministère australien de la défense a indiqué que les problèmes identifiés dans le rapport étaient "pris en compte" et que le ministère "restait confiant dans la capacité à conduire le sauvetage et le secours à des sous-marins".

La Marine Australienne a testé avec succès ses systèmes de sauvetage lors de son exercice annuel de secours et de sauvetage, Black Carillon, au large de la côte d’Australie Occidentale. Mais, dans la plupart des cas, la flotte sous-marine opère dans des eaux trop profondes pour espérer un sauvetage.

Dans le cas de la voie d’eau du Dechaineux en 2003, le sous-marin se trouvait en eaux profondes et aurait été écrasé par la pression avant d’atteindre le fond. "Cela aurait été comme écraser une canette vide avec la main," avait indiqué à l’époque Geordie Bunting, qui avait failli perdre la vie dans l’accident.

Notes :

[1Remote-Operated underwater Vehicle : Véhicule sous-marin Télécommandé.

Source : The Australian