La "Jeanne" en route vers la zone sinistrée de Meulaboh

  • Dernière mise à jour le 12 janvier 2005.

Le porte-hélicoptères français Jeanne d’Arc fait route vers la région sinistrée de Meulaboh, au nord de l’Indonésie que le navire-école de la Marine devrait atteindre vendredi après avoir longé les côtes du Sri-Lanka, chargé d’aide humanitaire.

La "Jeanne" emporte 4,5 tonnes de médicaments, deux hélicoptères Puma qui s’ajoutent aux deux Alouette et deux Gazelle dont elle dispose, ainsi que 82.000 litres d’eau, 8.000 rations alimentaires et 200 lits de camp.

A bord, les hélicoptères se sont s’entraînés à accrocher des charges sur le pont et les soulever dans les airs, tandis que des légionnaires du 1er Régiment étranger du génie de Laudun (Gard) triaient les médicaments dans le hangar à hélicoptères.

Chargés lors d’une escale à Djibouti début janvier, les secours comprennent aussi des tentes, groupes électrogènes, véhicules tout-terrain, générateurs, bacs souples pouvant contenir jusque 3,5 tonnes d’eau, ainsi que le nécessaire pour monter un hôpital de campagne, un tractopelle et un poste de secours.

Les quelque 600 marins, dont une centaine d’élèves officiers ont été renforcés par une trentaine de légionnaires stationnés à Djibouti, ainsi que des équipes médicales, et par les équipages des Puma. Mercredi, les derniers vaccins devaient être administrés aux élèves officiers.

Avec la frégate Georges Leygues, son navire d’accompagnement, qui comprend 180 membres d’équipage, la "Jeanne" a la capacité de produire 50 tonnes d’eau potable par jour, outre sa propre consommation.

Ses installations médicales comprennent un bloc opératoire, deux lits de réanimation et dix d’hospitalisation. Au total, une vingtaine de médecins et une dizaine d’infirmiers sont également du voyage.

Sur la "Jeanne", un élève officier indonésien se prépare au pire. Parmi les 25 élèves officiers étrangers à bord, il est le seul indonésien de l’équipage. Lorsqu’il a commencé en décembre son stage, l’enseigne de vaisseau Sandy Kurniawan ignorait que sa mission allait le conduire au large de son pays.

Né il y a 27 ans à Bogor, dans l’ouest de l’île de Java, Sandy Kurniawan, diplômé de l’académie navale de Surabaya, se trouve, lors du raz-de-marée du 26 décembre dernier, en escale à Djibouti, sur "Jeanne d’Arc" qui avait appareillé de Brest (Finistère) le 8 décembre dernier.

Puis la France décide début janvier d’envoyer la "Jeanne" en renfort humanitaire au large de l’Indonésie. Les journées de Sandy Kurniawan changent alors imperceptiblement : il rédige un lexique des mots incontournables à destination des légionnaires et des équipes médicales qui vont descendre à terre et se prépare à son nouveau rôle : "Il nous aide dans l’analyse de la situation et dans les contacts avec les autorités indonésiennes, il sera notre officier de liaison", explique le commissaire en chef Christophe Bergey, chargé des relations publiques de la "Jeanne d’Arc".

La destination finale n’est pourtant pas encore connue car les responsables de l’opération militaire française "Beryx" d’aide à l’Asie du sud-est, sont toujours en discussions avec les autorités indonésiennes et les secours américains, qui se multiplient dans la région de Banda Aceh.

La Jeanne d’Arc devrait se positionner au nord de Meulaboh, entre cette ville et celle de Bandar Aceh, au large du nord de Sumatra.

"Nous nous positionnerons entre dix et vingt nautiques au large" (de 18,5 à 37 km environ), hors de vue des côtes en raison de la forte affluence de bâtiments de secours dans la zone, a précisé le commandant du bâtiment, le capitaine de vaisseau Marc de Briançon. En outre, "les fonds ont pu bouger avec le tremblement de terre" sous-marin qui a provoqué le raz-de-marée du 26 décembre, et "nous n’allons donc pas nous approcher trop près des côtes", a précisé le "pacha".

Les seuls points de ravitaillement en fuel étant Banda Aceh et Medan, distantes de quelque 200 km, la "Jeanne" pourrait aussi, selon lui, servir de station essence pour cette noria d’hélicoptères.

Source : Voila.fr