Vendredi 23 juin 2006, la flottille 31F fêtera ses 50 (…)
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Presque chaque jeudi durant l’année scolaire, un bus transportant une douzaine d’aspirants de la Naval Academy quitte Annapolis pour un voyage de 45 minutes vers l’hopital naval de Bethesda, où les médecins de la Navy effectuent une opération au laser sur leurs yeux, l’un après l’autre, avec l’efficacité d’une chaîne de montage.
Environ un tiers de chaque classe d’aspirants, qui en comporte près de 1.000, de la Naval Academy subit désormais cette procédure, une tendance lourde parmi le personnel militaire ayant des problèmes de vue. Contrairement au monde civil, où la chirurgie des yeux est principalement effectuée pour la facilité ou la vanité, la popularité de cette procédure parmi le personnel militaire transforme les choix de carrière et la vie quotidienne d’une façon subtile mais aux effets durables.
Les pilotes de chasse vieillissants peuvent maintenant rester plus longtemps dans leur cockpit, réduisant ainsi les besoins de recrutement. Et les recrues avec des problèmes de vue qui leur auraient interdit l’accès aux forces spéciales peuvent maintenant y accéder, rendant la compétition encore plus dure pour ces carrières très demandées.
Mais la chirurgie entraîne aussi des difficultés inattendues à l’armée. En réduisant le nombre de personnes habituellement candidates à des postes qui n’ont pas besoin d’une vue parfaite, il devient plus difficile de trouver du personnel de haut niveau pour ces affectations, déclarent des officiers.
Quand l’Enseigne Michael Shaughnessy a subi l’opération dans sa première année à la Naval Academy, sa vision 20-20 l’a qualifié pour l’école de vol. Et c’est là qu’il a décidé d’aller après avoir reçu son diplome dans les 10 premiers % de sa classe, plutot que de poursuivre une carrière dans les sous-marins.
"L’environnement fermé est quelque chose que je n’ai pas apprécié," a déclaré Shaughnessy, 22 ans.
Il n’est pas le seul. Pendant des générations, les diplomés de l’Academy avec de bonnes notes et une mauvaise vue choisissaient les sous-marins. Mais, depuis 5 ans que la Naval Academy a commencé à offrir gratuitement une chirurgie des yeux à tous les aspirants, elle n’a pas atteint son quota annuel d’officiers destinés aux sous-marins.
Les officiers impliqués disent que cet échec à atteindre les quotas est du à plusieurs facteurs, dont la perception que les sous-marins ne jouent plus un rôle aussi vital dans la sécurité nationale que dans le passé. Mais la disponibilité de la chirurgie des yeux pour les aspirants qui le veulent est habituellement cité comme une cause majeure.
"Certains de ceux qui portent des lunettes et qui seraient aller sur les sous-marins ou seraient devenus navigateurs ont la chance de faire quelque chose qu’ils préfèrent, et les forces qui perdent ces candidats ne sont pas aussi heureuses que l’aviation, qui y gagne de meilleurs candidats," déclare le Commander Joseph Pasternak, l’ophthalmologiste qui supervise le programme au National Naval Medical Center de Bethesda.
Parmi la classe 2006 de la Naval Academy, 349 des 993 aspirants ont subi l’opération, contre 50 il y a 5 ans, selon les archives de la Naval Academy. Moins de 30 % des étudiants de l’école dont les yeux peuvent subir l’opération choisissent de ne pas l’avoir, et le chiffre des refus diminue chaque année, indique Pasternak.
La semaine dernière, un peu après 10:40, Colin Carroll, un aspirant de 21 ans, s’est étendu sous le laser pendant que le Captain Kerry Hunt, médecin de la Navy, et 2 assistants se préparaient à commencer. "Nous allumons le laser maintenant," lui a dit Hunt.
Carroll espérait au départ entrer dans une école de pilotage mais il a découvert que ses yeux n’étaient suffisament bons, mais aussi qu’il était sujet à des calculs du rein ce qui lui interdit toute l’aviation. Il a déclaré qu’il était "résigné" à entrer dans le Marine Corps ou à devenir un officier sur un navire de surface, des affectations qui ne nécessitent pas de vision parfaite.
Mais il a décidé de subir quand même l’opération.
A 10:49, les 2 yeux étaient opérés, et Carroll est sorti en portant des lunettes de soleil, indiquant qu’il pouvait déjà mieux voir.
La procédure utilisée par la Navy, la kératectomie photoréfractive, ou PRK, est différente de celle utilisée sur la plupart des civils. Cette approche, connue sous le nom “laser- in situ keratomileusis”, ou Lasik, exige de découper un morceau de la surface de la cornée et d’utiliser un laser pour corriger la cornée. Mais les médecins militaires craignent que le morceau ne puisse être perdu au combat, spécialement dans un chasseur supersonique.
Donc plutôt que de corriger la surface de la cornée, les médecins militaires l’enlèvent. Cette approche exige une plus longue récupération pendant que la surface se reforme, mais l’oeil est plus stable.
L’armée de l’air limite aussi ses pilote à la PRK, mais les non-pilotes peuvent subir les 2 procédures. Comme la majorité des étudiants admis à l’école aspirent à voler et remplissent déjà les critères de vision, relativement peu de cadets subissent l’opération, par rapport à la Naval Academy. Le personnel de l’armée de terre, y compris les pilotes d’hélicoptère et les autres aviateurs, sont autorisés à subir les 2 procédures.
Un aspirant sur 200 qui subissent l’opération, souffre de complications initiales, qui peuvent être facilement corrigées, précise Pasternak. Une étude réalisée par la Navy peu après le début du programme, a conclu que les stagiaires pilotes qui avaient subi l’opération obtenaient leur diplome avec des notes supérieures que les autres pilotes, a-t-il ajouté.
Maintenant que la plupart des aspirants remplissent les critères de vision, réussir à devenir pilote est plus difficile que jamais, dépendant prequ’entièrement des notes académiques, de la performance militaire pendant qu’ils sont à l’académie et d’autres critères physiques.
L’an dernier, 310 aspirants ont tenté d’obtenir l’une des 272 places d’entraînement au vol. Parmi ceux-ci, 104 avaient subi l’opération au laser.
"Si nous n’avions pas eu la PRK, où seraient aller ces 104 aspirants ?" a déclaré le Captain Michael Jacobsen, du bureau du développement professionnel de la Naval Academy. "Difficle de le dire, mais nous savons qu’ils ne seraient pas aller à l’école de pilotage."
Source : International Herald Tribune