Les pirates sont protégés de la force navale européenne par les droits de l’homme

  • Dernière mise à jour le 2 novembre 2008.

Les pirates d’antan savaient au moins à quoi s’en tenir s’ils étaient capturés — ils seraient emprisonnés et pendus, ou peut-être jetés à la mer loin de la côte.

Mais, ceux qui, aujourd’hui assurent la police en haute-mer n’ont plus la possibilité d’infliger de telles sanctions aux boucaniers du 21è siècle. Les droits de l’homme des successeurs de Blackbeard et du Capitaine Kidd doivent être respectés.

La première force navale de l’Union Européenne doit arriver le mois prochain dans le golfe d’Aden pour combattre la recrudescence sans précédent de la piraterie dans la région, qui est alimentée par le besoin d’argent et d’armes dans la Somalie. Dix pays de l’Union, dont la grande-Bretagne, ont promis de participer à la force. Il pourrait leur être difficile de simplement effectuer une arrestation.

"Dans l’ancien temps, quand la marine attrapait un pirate, on lui liait les pieds et les mains et on le rejetait à la mer," déclare le capitaine de vaisseau Andres Breijo, le chef espagnol de la nouvelle mission anti-pirates, dans un entretien avec le Sunday Telegraph. "Maintenant, ils ont des droits."

La Somalie est un "état défaillant", ajoute le Capitaine Beijo, et les Occidentaux craignent que, si les pirates étaient remis aux autorités somaliennes, ils soient torturés ou exécutés.

Au lieu de ça, sa force navale aura seulement le droit de garder un œil protecteur sur les navires de commerce dans ces eaux infestées par les pirates, l’une des routes commerciales les plus importantes entre l’océan Indien et le canal de Suez. Malgré la présence de la 5è Flotte à Bahrein, et de bâtiments de la Royal Navy dans le voisinage, des dizaines de navires ont été attaqués cette année, y compris un bateau ukrainien transportant des chars.

Le Capitaine Breijo diffuse la frustration ressentie par les marines européennes provoquée par les règles d’engagement très (trop) restrictives. Les marines européennes maintenant tellement conscientes des problèmes légaux auxquels elles font face dans la lutte contre les pirates qu’elles donnent souvent l’ordre de simplement les laisser partir.

Après avoir décidé que des pirates ne pourraient pas être poursuivis s’ils étaient ramenés en Europe, la marine danoise a libéré un groupe de 10 hommes en septembre dernier, les déposant sur une plage somalienne après les avoir retenu pendant 6 jours. La Royal Navy reconnait, officieusement, qu’elle donne des instructions similaires.

"Que pouvez-vous faire ?" se demande le Capt Breijo. "Ils n’appartiennent à aucune nation."

Jusqu’à présent, seuls les français ont pris des mesures fermes, envoyant les commandos de marine pour libérer leurs ressortissants et éviter d’ajouter aux 100 millions $ par de rançon payés aux gangs lourdement armés.

Mais désormais, les bâtiments de l’Union vont mener des convois de navires de commerce au travers des eaux les plus dangereuses. Le Capt Breijo explique que, malgré leur image de durs, les pirates des temps modernes sont en fait des opportunistes qui s’enfuient au premier signe de résistance armée.

Une poignée de frégates françaises, avant-garde de la force européenne, est déjà en opération, accompagnées par un avion de reconnaissance espagnol. Mais la cellule européenne reçoit déjà 5 demandes par jour des armateurs alors qu’elle ne peut protéger que 2 navires pour chaque transit des frégates, tous les 15 jours.

Le Capt Breijo a reconnu que ce n’était pas adapté, compte-tenu du fait qu’il y a près de 300 navires qui transitent chaque jour dans le golfe d’Aden. La protection proposée aux navires de commerce sera améliorée avec l’arrivée de la flottille principale ainsi que d’une force de protection de l’OTAN.

La situation ne sera cependant pas améliorée tant que les capitales européennes et le Conseil de Sécurité n’auront pas adoptés des positions permettant de juger les criminels maritimes.

Source : The Telegraph (Grande-Bretagne)